Urgence Xylella dans le Salento (Pouilles) : un enjeu géopolitique

Résumé

Le Salento a des caractéristiques naturelles et anthropiques particulières : territoire principalement plat occupé par vingt millions d'oliviers centenaires qui, selon la loi, ne pouvaient pas être déracinés ; morcellement des terres caractérisées par une économie familiale et de petites entreprises ; structures démographiques vieillissantes. Ces aspects représentaient un obstacle objectif à la rentabilité du foncier et une barrière à la libre expansion de l'économie de marché. Dans ce contexte, s'insère le phénomène de dessèchement des oliviers, qui en 2013 est attribué à diverses causes et agents pathogènes dont Xylella fastidiosa (Xf), une bactérie de quarantaine. Cependant, les institutions se concentrent uniquement sur Xf en adoptant des mesures comprenant l'abattage d'arbres infectés ou non, l'utilisation massive de pesticides et l'interdiction de planter des plantes hôtes Xf. L'état d'urgence proclamé - devenu permanent - permet encore aujourd'hui, après dix ans, de déroger aux principes constitutionnels et à la législation ordinaire de protection des oliviers et du paysage, pour "libérer" le sol et le destiner à de nouveaux usages qui seraient autrement interdits. Il est évident que la « question Xylella », loin d'être uniquement agronomique et environnementale, est une question géopolitique.